
Installation de 5 fuseaux.
Showroom "Fleur Sauvage" à Latitudes & Méridien, Strasbourg (2025)

« IV de bâton »
Bâtons de bois et lavandins enroulés de tissus batik/sarong, 207 x 60 x 5 cm, 2024
L’oeuvre est un assemblage avec quatre fuseaux, formant une croix. Des pompoms sont fixés sur chaque fuseaux pour habiller l’oeuvre. Spirituelle, pour cette installation l’artiste s’est inspirée des illustations des cartes du tarot de Marseille dans l’arcane des bâtons, également pour le titre « IV de bâton ». Dans sa signification, la quatre de bâton symbolise la communauté, l’équilibre, la célébration.

« As de bâton »
Bâtons de bois et lavandins enroulés de tissus thaïlandais, tissus coton, laine, 200cm, 2025

Dans sa nouvelle exposition personnelle à la galerie Latitude et Méridiens, l’artiste Vanessa Garner nous convie à découvrir sa série des Fuseaux mêlés – bâtons en bois enveloppés de tissu Batik et de lavande, fixés sur des socles ou suspendus dans un équilibre aérien –, et dévoile une mythologie personnelle, profondément symbolique et spirituelle.
Le travail de Vanessa Garner interroge avant tout la question de l’héritage et du métissage. Par un travail de longue haleine, elle compose des objets hybrides, véritables passerelles entre des traditions géographiquement éloignées. Ce dialogue entre cultures – entre Europe et Asie – s’incarne dans la matérialité même des œuvres : le bois brut, les motifs éclatants des tissus Batik thaïlandais, et les effluves floraux de la lavande provençale, créent un univers où l’intime se cristallise en objet d’art.
Dès le seuil de la galerie, l’odeur saisissante de la lavande et les tonalités chamarrées des tissus Batik enveloppent le visiteur. L’accrochage des fuseaux agit comme une extension naturelle des œuvres. Suspendus par de fins clous ou délicatement posés sur des socles, les bâtons semblent flotter. L’artiste privilégie une scénographie minimaliste, qui maximise l’impact visuel et sensoriel de chaque élément. À la manière de sceptres, ces échalas deviennent des objets totémiques, unifiés par leur forme mais singuliers dans leur esthétique.
Par l’emploi de la forme du bâton, Vanessa Garner convoque une symbolique universelle. Outil de guidance et de pouvoir, le bâton traverse les mythes et les récits, qu’il s’agisse de la crosse pastorale des traditions religieuses, de la baguette magique des contes ou des bâtons divinatoires du chamanisme. Il devient un vecteur de protection, de sagesse et de légitimité. Ici, son accrochage en double orientation – pointant vers le ciel et vers le sol – en fait un médiateur spirituel par excellence. Leur verticalité accentue leur rôle d’intermédiaires entre le terrestre et le cosmique, tout en affirmant leur caractère sculptural.
La composition même des œuvres renforce cette charge symbolique. La lavande, plante associée à la purification et à la sérénité, évoque des rituels de purification et de transition. Le tissu Batik, quant à lui, porte une riche histoire culturelle : il se fait à la fois objet d’échange, vecteur identitaire et lien entre générations. En associant ces éléments, l’artiste inscrit des symboliques ancestrales dans un langage plastique contemporain.
Cette exposition métamorphose la petite galerie « white cube » en un véritable sanctuaire sensible et gravitationnel. Par son accrochage sobre et minutieux, tout en verticalité, elle engage le visiteur dans une expérience esthétique insolite, révélant la puissance totémique des fuseaux à travers une contemplation suspendue.
Victoria Ferracioli
Installation murale de "XI de bâton"
Showroom "Fleur Sauvage" à Latitudes & Méridien, Strasbourg (2025)


Évènement La Fête du Jardin au Frac Alsace (2023)
Les Fuseaux-mêlés sont disposés dans des structures en bois au sein du jardin du Frac.
Le spectateur est libre d’interagir avec l’oeuvre en compressant le fuseaux entre leur main, et de se balader avec.

Exposition collective "Born in a new world" à la Galerie Delphine Courtay, Strasbourg (2024)

Installation de 7 fuseaux-mêlés
Bâtons de bois et lavandins enroulés de tissus batik, tailles variables, 2023
Appartement privé
Fuseaux-mêlés
Fuseaux-mêlés est un ensemble d’œuvres odorantes composées de tissus tressés. Enroulées autour de bâtons en bois, les nappes chatoyantes de tissu enveloppent des fleurs de lavande, donnant naissance à des échalas embaumés aux tailles variables, tortueux et colorés. Installations tactiles et olfactives, les Fuseaux-Mêlés doivent être malaxés, pressés entre nos doigts, pour que la fragrance s’en dégage. Dès lors, dans un élan vital, un rapport charnel se déploie face à ces totems boursouflés et imposants.
Par cet assemblage chamarré et odorant, l’artiste souhaite faire référence à un objet traditionnel de Provence ; les fuseaux de lavande. Élaborés par les mères de familles dès le XVIIIème siècle, ces objets artisanaux permettent de protéger les linges de maison des parasites. Les tiges de la plante sont nouées à l’aide de rubans de lin en de longues tresses qui renferment les pétales parfumés. Durant l’Antiquité romaine, la lavande était déjà utilisée pour nettoyer, d’où son étymologie du latin “lavare” signifiant “laver”. Pouvoir magique, médicinal et décoratif, on lui prêtait un pouvoir protecteur et purificateur sur le corps et l’esprit.
En façonnant son amour pour la Provence et la Thaïlande, l’artiste mêle la lavande du jardin de son père à du tissu provenant du pays d’origine de sa mère, et relie ainsi deux mondes qui ont construit son identité. Un nouvel imaginaire se structure. Ces deux matériaux, qui symbolisent son métissage, s’hybrident, pour former des objets uniques et personnels, empreints de traditions différentes. Inspirée par l’art brut, elle use de ces différents éléments, en posant sa mythologie personnelle, elle dévoile ses interrogations sur le monde et la société dans laquelle nous vivons. Le contenu de l’œuvre échappe ainsi au moi narcissique pour devenir universel.
L’artiste remarque sur les tissus « batik » qu’elle se procure en Thaïlande ont certaines similitudes dans les motifs fleuris avec le textile indien : Les Indiennes. Dans l’histoire de l’impression du textile, Les Indiennes était un art textile qui a révolutionné le monde, connaissant un véritable succès en Europe entre les 16ème et 18ème siècles grâce à ses motifs et ses couleurs éclatantes. C’est à Marseille que la consommation de ces Indiennes commencent en France avec les premières importations des Indes. Les Indiennes sont une véritable inspiration de création textile pour la France avec ses tissus provençal de l’époque. L’artiste suppose que le tissu Les Indiennes a surement croisé le chemin des pays comme la Thaïlande (tissu “Sarong”) et l’Indonésie (tissu “batik”). On ne connait pas les origines exactes du batik, d’après les historiens la technique du batik existait déjà avant Jésus Chris, et a connu de multiples déclinaisons en Asie et jusqu’en Afrique. L’art du batik est l’identité culturelle de l’Indonésie depuis des siècles. Ce tissu est vendu en grande masse en Thaïlande, le batik comme le sarong est utilisé pour se vêtir. Cet art textile est entré au Patrimoine mondial de l’UNESCO en 2009.
À l’extrême nord-ouest de l’Inde commence un vaste ensemble géographique, carrefour de nombreux influences, l’Asie centrale. Le textile y a occupé une place prépondérante, en particulier pour les peuples nomades. En Asie du Sud-Est, la fabrication des textiles relève à la fois des domaines techniques, pratiques, esthétiques et spirituels. Ce ne sont pas seulement des symboles de statut social ou de mérite mais bien souvent des objects « magiques » auxquels on attribue une puissance surnaturelle qui permet de communiquer avec le monde des esprits mais aussi de s’en protéger. […] Deux grandes routes relaient l’Inde au reste du monde : la route maritime et la route caravanière qui rejoignait la route de la soie. Cependant, les Huns mirent fin aux échanges avec l’Occident: à partir du Ve siècle, le négoce se tourne alors vers l’Asie du Sud-Est ; des marchants indiens s’installent en Thaïlande, au Cambodge et dans l’archipel indonésien. Très appréciées à Java et en Malaisien les étoffes indiennes vont continuer une véritable monnaie d’échange entre les pays du Sud-Est asiatique.
Aurélie Samuel, L’art du textile en Asie, Paris, Nouvelles éditions Scala, 2014
En effet, cette figure initiatique du sceptre, ressort dans de nombreux récits et s’inscrit dans notre imaginaire collectif comme un instrument propice aux pratiques rituelles. Syncrétique, le bâton se donne à voir dans divers récits religieux. Des premiers cultes païens à la sorcellerie, en passant par Moïse, le bâton accorde le rôle ancestral et symbolique de la puissance légitime et du droit. Pointé entre le ciel et la terre, le bâton relie le cosmos au commun des mortels.
Comme sortis d’une autre époque ou d’une autre civilisation, ces crosses sont le résultat d’influences multiples, le fruit d’un travail archéologique dans les tréfonds de l’imaginaire conscient et inconscient. Au fur et à mesure que l’artiste embaume ses fuseaux, l’odeur se révèle à elle, purificatrice et magique, et la plonge dans un état d’apaisement propice aux voyages mnésiques. L’objet est comme vivant grâce l’odeur de la fleur dès qu’on le touche. Le bâton est alors envisagé dans sa dimension pastorale, véritable emblème d’un nomadisme narratif, d’une transhumance spirituelle, entre sphère intime et croyances collectives.

« As de bâton » (2022)
200 x 4 x 6 cm
Bâtons de bois et lavandins enroulés de tissus batik indonésien.
Kraemer Galerie, Strasbourg


« As de bâton » (2022)
100 x 4 x 6 cm
Bâtons de bois et lavandins enroulés de tissus sarong thaï
Kraemer Galerie, Strasbourg
« As de bâton » (2023)
Ensemble de plusieurs fuseaux, installation murale
Bâtons de bois et lavandins enroulés de tissus batik indonésien.
Jean-Marc Bassand gallery, Suisse


Exposition personnelle au Château de Lourmarin (2023)
« XXI de bâton »
Bâtons de bois et lavandins enroulés de tissus batik/sarong, 200 cm et 240 cm
Résidence d’artiste durant la période de l’été au Château de Lourmarin, soutenues et financées par Académie des Beaux-Arts à la Fondation Laurent-Vuibert (2023)



Collective exhibitions Éc(h)o poétique, habiter le lieu at Grandes serres de Pantin by the curator Elona Prime (2023) // Wooden sticks and lavender wrapped in batik/sarang fabrics, variable sizes.
Fuseaux-mêlés are suspended by a thread. During the exhibition, the public is free to interact with the artworks by compressing that fuseaux in their hand. There is a soundtrack with the installation, which is multiple sounds of tearing fabrics.