Saï, 2025
Tissus thaïlandais, laine mélangé, fil métallique, clochettes / 160 × 50 × 50 cm
En Thaïlande, un saï est une nasse de pêche en bambou, tressée à la main. Cet objet humble du quotidien est porteur d’un symbole profond : attraper le poisson, c’est nourrir sa famille. Suspendue à l’entrée des maisons, elle est comme un porte-bonheur. Elle promet la chance, la prospérité, et protège ceux qui vivent sous son toit.
Cette forme ancestrale est revisitée pour en faire une forme spirituelle et contemporaine. L’œuvre devient une amulette protectrice, un appel silencieux à la prospérité et pour en révéler la dimension invisible : celle de la lumière et la mémoire.
Le bambou d’origine laisse place au fil métallique qui soutient la structure, maintient la forme, devient le squelette. Puis au tissu thaïlandais et à la laine, matériaux souples et sensibles. Le rose domine, rappelant la couleur de la chair, comme une peau vivante.
L’œuvre n’est plus un outil, mais un corps-objet, une enveloppe de tissu où circulent les traces d’un rituel ancien. Couchée, elle semble s’être déposée d’elle-même, comme un être hybride ayant trouvé le repos. L’œuvre évoque à la fois la fragilité d’un corps et la force d’une présence spirituelle. Un seuil entre visible et invisible. Les petites clochettes, elles, rappelant les traditions tibétaines où leur tintement éloigne les forces négatives, purifient, invitent au silence intérieur.
En suspension dans l’espace ou déposée au sol, Saï évoque comme un corps endormi, un reliquaire du mouvement, un piège devenu offrande.
Saï appartient à la même lignée que mes Fuseaux-Mêlés. Toutes deux sont issues d’un travail du tissage comme acte spirituel. Chaque fil est comme une prière. Un tissage de mémoire et protection, héritage et renaissance.
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Saï, 2025
Thai fabrics, mixed wool, metallic thread, bells / 160 × 50 × 50 cm
In Thailand, a saï is a hand-woven bamboo fish trap. This humble everyday object carries a deep symbolic meaning: to catch fish is to nourish one’s family. Hung at the entrance of houses, it serves as a talisman—a promise of luck, prosperity, and protection for all who dwell beneath its roof.
This ancestral form is reimagined into a contemporary spiritual shape. The work becomes a protective amulet, a silent invocation of abundance, revealing its invisible dimension: that of light and memory.
The original bamboo gives way to metallic wire, which supports the structure, preserves its form, and becomes its skeleton. Thai fabric and wool—soft, sensitive materials—take over. Pink dominates, recalling the color of flesh, like living skin.
The work is no longer a tool but a body-object, a textile vessel where traces of an ancient ritual still circulate. Resting horizontally, it seems to have settled of its own accord—an hybrid being at peace. The piece evokes both the fragility of a body and the strength of a spiritual presence: a threshold between visible and invisible. The small bells recall Tibetan traditions, where their chime dispels negative forces, purifies the space, and invites inner silence.
Suspended in space or lying on the ground, Saï suggests a sleeping body, a reliquary of movement, a trap transformed into an offering.
Saï belongs to the same lineage as my Fuseaux-Mêlés. Both arise from weaving as a spiritual act. Each thread is like a prayer—a weaving of memory and protection, heritage and rebirth.